Charade envers et contre tout
Selon l’association « Agissons pour Charade », le déclin du circuit n’a rien de fatal et d’inexorable. Ses responsables travaillent sur différents projets…
Il faut avoir un âge certain, ou s’être plongé dans les livres, pour évoquer les heures glorieuses du circuit de Charade. Internet n’existait pas lorsque Jackie Stewart boucla victorieusement le dernier tour de l’ultime Grand-Prix en 1972. Et il n’était pas question de réseaux sociaux quand, deux ans plus tard, le Continental Circus quitta définitivement le circuit. Les motos n’y reviendraient plus. Depuis, Charade n’a cessé de perdre de son prestige, de son lustre. La réalisation d’un « petit » circuit fermé (3,975 km) en lieu et place de l’ancienne boucle mythique de 8, 055 km a certes coûté une somme non négligeable mais elle n’a pas suffi à redonner un semblant de regain sportif au site. On connaît, hélas, l’histoire…
Objectif 2017
Si les sport-mécaniques n’ont pas toujours le vent en poupe en cette époque où l’on ne sait trop sur quel pied danser, tous ne sont pas résignés au déclin inexorable de Charade. L’association « Agissons pour Charade » avait ainsi programmé l’organisation d’une manifestation rétro ambitieuse en juin 2014 … Un projet dans un premier temps avorté mais qui pourrait voir le jour en 2017 selon ses initiateurs. « Rien, en effet, n’est abandonné. Nous reprenons les bases du projet originel et espérons organiser un Charade Revival en 2017 » explique Michel Tasset, le président de cette association qui regroupe 1500 adhérents… Et d’affirmer : « Cette fois, nous serons accompagnés d’un organisateur professionnel. » D’anciens champions, ayant marqué l’histoire du circuit, devraient revenir sur le lieu de leurs exploits et des automobiles, des motos, des side-cars de légende retrouver l’asphalte du tracé lors d’un week-end haut de gamme. « Ce sera une vraie vitrine du passé de Charade » affirme Michel Tasset. Une vitrine que l’association voudrait mettre sur pied tous les deux ans. Et de citer pour exemple le succès phénoménal du fameux meeting de Goodwood en Angleterre qui, chaque année, attire 150.000 spectateurs dans un pays, il est vrai, à la forte culture mécanique et rétro.
Sur d’autres terrains
L’association se bat également sur un plan juridique. Elle a décidé d’exercer une tierce opposition face à la décision initiale du tribunal qui avait donné raison aux riverains du circuit. En décembre prochain, le tribunal d’appel de Riom statuera donc sur les problèmes de bruit à faire ou à ne pas faire sur et autour de l’équipement. « Nous avons récolté des fonds pour mener cette action et bénéficierons des conseils de Maître Olivier Leclerc, l’avocat qui avait sauvé le circuit de Nogaro dans une telle situation » explique Michel Tasset. Au-delà de ce dossier fondamental et épineux, « Agissons pour Charade » entend prouver que Charade peut représenter un « formidable atout touristique » pour l’ensemble de la région. Et l’association de défendre un projet de centre de loisirs permanent, autour des sports mécaniques. Un ensemble qui comprendrait un musée dédié à l’histoire du site mais encore des espaces ludiques et pédagogiques, une boutique, une salle multi-média ou encore un espace de restauration. Vice-président de l’association, Jean-Paul Taillandier a beaucoup planché sur le dossier. Il estime le coût d’un tel équipement à 15M€ et évalue le nombre d’emplois à vingt quatre, des chiffres à relier avec les retombées économiques et touristiques générées par un tel ensemble. « Charade ne doit pas se conjuguer seulement au passé. C’est une chance de posséder un tel outil aux portes de Clermont » assurent les membres de l’association qui multiplient les contacts auprès des milieux politiques et économiques, se regroupent et fourmillent de projets. Bien entendu, il leur faudra travailler de concert avec le Conseil départemental du Puy-de-Dôme, propriétaire du circuit, et l’ASACA, à qui le département a confié la gestion sportive de l’équipement. De toute évidence, il reste beaucoup à faire pour réveiller le circuit au pied des volcans d’Auvergne.
*photo J.J.Arenne / article paru dans l'hebdo INFO.